Des conversations réactives avec de jeunes enfants pendant la pandémie du Covid ; la perception des enfants et des réactions de soutien à l’égard du bien-être des enfants- Melissa Rodriguez-Meehan and Jessica N. Essary

« Tout ce qui est humain est mentionné, et tout ce qui est mentionné peut être plus gérable. »  – Mister Rogers

Les conversations pédagogiques positives et empathiques peuvent améliorer la santé mentale de jeunes enfants (Edelkott, et. al., 2016). Lorsqu’un enfant communique avec un adulte qui réagit de manière affectueuse et attentive, il a l’opportunité de participer dans une découverte d’apprentissage réciproque et d’explorer ses réflexions. Dans ce blog, nous mettons en lumière des conversations avec des enfants dans lesquelles ils se rendaient compte de l’impact des restrictions liées à la Covid-19 et alors ils faisaient des tentatives complexes pour se former une idée de la Covid-19.

Objectif de l’auteur

Les autorités académiques de ce blog sont aussi des mères de jeunes enfants ( de 4 mois, 22 mois, 3, 4 et 6 ans).  Nous avons personnellement eu des conversations avec des petits qui nous ont raconté des évènements à propos de la pandémie.  L’objectif de ce blog est de présenter des évidences ethnographiques correspondant à la compréhension que les enfants ont de la Covid (par exemple, la conceptualisation), aux moyens de leurs commentaires et de leurs dessins, de sa propre initiative.

Soutenir les enfants lors des évènements stressants

Certaines réactions de conceptualisation et de restriction sont susceptibles d’engendrer du stress aux jeunes enfants. Les personnes, tous âges confondus, pour maîtriser le stress peuvent bénéficier d’interactions sociales. Un dialogue empathique pendant des discussions en cours, peut aider aux enfants et aux adultes à développer un récit personnel des faits produits autour d’eux (Essary, Barza, & Thurston, 2020).  

La pandémie de la Covid-19 peut être utilisée comme un exemple d’un fait actuel dans lequel les enfants ont eu besoin d’un soutien pour traverser une période tumultueuse. Les enfants dès leurs jeunes âges peuvent comprendre la Covid-19 et d’autres sujets complexes à l’aide des adultes. Le fait de suggérer que les enfants sont plus influençables et prêts à s’adapter aux changements que les adultes (Elkind, 1993) est un point de vue philosophique préoccupant et que ne réussit pas à s’aligner avec une science cognitive. De récentes publications illustrent le besoin de protéger contre le stress les enfants et les adultes tout en soutenant leur pensée complexe. (Essary, Barza, & Thurston, 2020).

Conceptualisation de la Covid-19

Certains petits enfants parlent de la Covid-19 à partir de leurs grandes peurs dues à l’exposition importante de la Covid-19 dans les médias, les conversations familiales et dans des milieux sociaux.  « Si tu tombes malade de la Covid, c’est comme si une foudre traverse ton corps. »

–  4 ans.  Ces propos suggèrent que les enfants peuvent parler de la Covid avec une profonde créativité d’expression (par exemple, l’emploie d’un comparatif : « comme si une foudre »).  Les parents peuvent réagir en rassurant l’enfant avec leurs pratiques en matière de santé et sécurité, et en faisant l’éloge du langage de l’enfant : « Wow ! quelle comparaison ! Que tu es créatif lorsque tu dis que la Covid est comme une foudre ! »  Puis, une exploration sur les ressemblances et les différences peuvent être discutées.  « La Covid, est-elle comme une foudre ?  Je ne sais pas, parce que je n’ai jamais eu la Covid, mais elle ne frappe pas tout d’un coup. Si ça fait un peu mal, nous sommes ici pour t’aider. » Ensuite, aidez à rassurer les enfants sur leurs peurs aussi.  Il est essentiel de respecter les sentiments des enfants et leur donner un espace de sécurité pour en parler. Des affirmations telles que : « Je suis ici et tu es en sécurité » et « qu’est-ce qui te tracasse ? » peuvent aider le processus de pensée de l’enfant et commencer à construire leur propre régulation et aptitudes d’adaptations positives. Lorsque nous rassurons les enfants en leur disant que leurs sentiments sont acceptables et en leur rappelant qu’en tant qu’adulte, nous éprouvons également des sentiments variés, leur stress peut être soulagé.

En outre, les enfants peuvent confondre les explications sur le virus avec des réflexions concrètes ainsi que les incertitudes et les peurs. Lors des échanges avec des élèves d’une école maternelle, l’un des auteurs a remarqué comment les élèves réfléchissent à la Covid : « Ça peut piquer les gens et les rendre malades » – 5 ans.  D’autre part, les adultes peuvent aider les enfants à élaborer leurs réflexions.  Dans de pareilles situations, les adultes peuvent se renseigner sur ce que l’enfant a dit : « Qu’est-ce que tu veux dire par ça te pique ?  Explique-moi, s’il te plaît. »  Quand l’enfant élabore ses idées, les adultes peuvent écouter attentivement et dissiper les idées fausses. Les jeunes enfants peuvent mieux comprendre par le biais de comparaisons.  Par exemple : « le virus ne pique pas comme une abeille, mais tu as raison, ça peut te faire souffrir. »  Les petits enfants peuvent établir des liens significatifs avec ces exemples concrets.

Poser des questions sur les concepts avec les enfants, en tenant compte de leur développement, favorise la pensée scientifique de chaque enfant. Cela peut se faire en reconnaissant la complexité des pensées tout en ajoutant des informations et en invitant les enfants à poser des questions.  Parler aux jeunes enfants sur la pandémie leur permet de recevoir de l’empathie, de traiter l’information, d’aborder les idées fausses et de voir les perspectives sur les autres.

Centrer la voix des enfants

Valoriser et honorer la voix des enfants, et en fin de compte leur action, s’aligne sur la Convention des Nations Unies sur les droits de l’enfant qui met l’accent sur “l’importance des opportunités qu’ont les enfants d’influencer la prise de décisions dans le cadre duquel leur voix devrait être écoutées sur les questions qui les affectent » (UN-CRC, 1989, p.3).  Les jeunes enfants peuvent souvent faire des réflexions complexes sur leurs expériences et perspectives et ont le droit d’avoir accès à des adultes attentifs qui se soucient de leurs récits. Cela inclut la participation des enfants  aux espaces scalaires.

Les fermetures des établissements scolaires sont une urgence nationale qui mérite des mesures préventives importantes (Samuelsson, Wagner, & Ødegaard, 2020) (par exemple, les droits souverains de l’enfant conformément à la Convention des Nations Unies sur les droits de l’enfant). Voici quelques images des réactions des enfants pour mitiger la pandémie.  Là encore, les enfants sont susceptibles de réagir face à la Covid avec des idées complexes et de fortes émotions, malgré la perception commune dans la société selon laquelle les enfants sont malléables et peuvent s’en sortir sans soutien.

Cette image présente Michael, âgé de 4 ans, qui assiste à l’école à l’automne 2021. Le port du masque est obligatoire dans sa classe. 

 “Ce n’est pas juste. Je veux jouer au parc avec mes amis.  Pourquoi le parc est-il fermé ?” -Olaus, 3 ans 

Un dessin fait le premier jour de la maternelle. -Guyal, 4 ans, 11 mois  

“Je suis en route pour l’école avec ma sucette, mon sac-à-dos, mon chien et mon masque. » Remarquez comment le masque couvre tout le visage.

Conclusion

La pandémie a changé les expériences sociales et éducatives des enfants dans le monde entier. « Le stress devient traumatique lorsqu’il s’ajoute une perte de sécurité physique, psychologique et/ou émotionnel qui dépasse la capacité d’un individu ou d’une communauté à faire face à la situation. »  (Keels, 2022, p. 68).  La durée dans le temps d’une pandémie va, probablement, augmenter l’exposition au stress.  Et une exposition accrue au stress peut accroître le risque de symptômes de traumatisme chez les individus (Gottfried, 2010). Les efforts mis en place pour honorer le droit souverain des enfants à l’éducation et à la participation ont changé dans le monde entier, mais cette pandémie étant une expérience collective pour nous tous, il est fondamental que les enfants soient inclus dans les discussions et décisions qui les concernent.

References

Edelkott, N., Engstrom, D. W., Hernandez-Wolfe, P., & Gangsei, D. (2016). Vicarious resilience: Complexities and variations. Ameri- can Journal of Orthopsychiatry, 86(6), 713–724.

Essary, J.N., Barza, L. Thurston, J.R. (2020). Secondary Traumatic Stress Among Educators. Kappa Delta Pi Record. 56(3),116-121.

Gottfried, V. M. (2010). Indirect trauma syndrome: Empirical validation of a model that synthesizes secondary and vicarious trauma. Retrieved from PQDT Open. (3437663)

Keels, M. (2022). Developmental & Ecological Perspective on the Intergenerational Transmission of Trauma & Violence. Daedalus, 151(1), 67-83.

Samuelsson, I. P., Wagner, J. T., & Ødegaard, E. E. (2020). The coronavirus pandemic and lessons learned in preschools in Norway, Sweden and the United States: OMEP Policy forum. International journal of early childhood, 52(2), 129-144.

UN General Assembly, Convention on the Rights of the Child, 20 November 1989, United Nations, Treaty Series, vol. 1577, p. 3.

Melissa Rodriguez-Meehan est professeure adjointe en éducation de la petite enfance et au primaire à l’Université Florida Gulf Coast et ancienne enseignante de la petite enfance et au primaire. La Dre Rodriguez-Meehan ne manque pas une occasion d’entendre et d’inclure la voix et les perspectives des enfants dans ses recherches. L’apprentissage axé sur le jeu, la pratique appropriée sur le plan du développement et les questions d’équité en milieu de MÉCF/élémentaire l’intéressent beaucoup. Le Dr Rodriguez-Meehan essaie par tous les moyens d’aider les enseignants en service et en formation à soutenir tous les apprenants grâce à des pratiques fondées sur l’expérience et en se focalisant sur la voix et le choix des élèves. Contactez-moi : mmeehan@fgcu.edu

Jessica N. Essary est représentante de l’OMEP aux Nations Unies. Au début de sa carrière, Jess a été enseignante au primaire à Immokalee en Floride, puis est devenue enseignante principale à l’Université de Buffalo, Early Childhood Research Center à Buffalo, NY.  À présent Jess est Professeure Agrégée d’éducation et enseignante en préparation de programmes de degrés du Program Director de Cazenovia Collège Inclusive Éducation (CCIE). En tant qu’éducatrice internationale, Jess a été expatriée à Dubaï. L’expertise du Dr. Essary comprend la conception formative, la préparation des enseignants à la diversité et l’histoire de l’EPPE. Contactez-moi : jnessary@cazenovia.edu

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